Je vais vous raconter mon histoire ∞ Le jeune garçon levait les yeux au ciel. Tentant de se rappeler le passage du Mahabharata que le brahmane lui demandait de citer.
« Cet univers est tout entier pénétré de moi, dans ma forme non manifestée. Tous les êtres sont en moi, mais je ne suis pas en eux. » Il marqua une pose hésitante avant de reprendre.
« Dans le même temps, rien de ce qui est créé n'est en moi. Vois ma puissance surnaturelle! Je soutiens tous les êtres, Je suis partout présent, et pourtant, Je demeure la source même de toute création. » Le garçon se coupa, son cœur eut un raté en apercevant son père le raja Jagat Singh traversé le grand patio ou ils se trouvaient. Le garçon commençait à peine son adolescence et pouvait compter sur les doigts de sa main les vrais moments d’intimité et de partage qu’il avait eu avec son géniteur.
« Mohan ! » le reprit à voix haute son précepteur. Attirant l’attention du souverain de la ville qui abandonna un instant les personnes qui l’accompagnaient.
« Est-il turbulent ? » demanda-t-il en posant un regard sévère sur son fils.
« Seulement distrait. » répondit humblement le brahmane en inclinant quelques secondes la tête. Mohan était presque aplatit au sol, ses mains plaquées au sol, touchées presque les pieds de son géniteur. Partagé entre l’envie de quitter sa position pour observer de près son père et celle de rester immobile pour montrer toute la discipline dont il pouvait faire preuve.
« Être plus habile avec une arme qu’avec les mots ne fera pas de toi un raja avisé. » lui lança-t-il sans lui donner l’autorisation de se relever. Rapidement accompagné par quelques conseillers lui glissant quelques mots à l’oreille, Jagat les quitta sans un mot de plus. Relevant la tête pour apercevoir le dos de son père s’éloigner, Mohan retenu des larmes de déception.
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« Arrête de me pousser ! »
« Si tu m’avais laissé de la place, on en serait pas là. » répliqua Mohan à son frère.
« Tu penses qu’elle a quel âge ? »
« Je ne sais pas. Avec cette peau pale ! Ils font tous vieux. » Madho foudroya du regard son frère, se sentant également visé par cette remarque. Les deux ados accoudés à l’une des nombreuses fenêtres du palais observaient une jeune femme de leur âge. Il n’y avait rien d’exceptionnelle si ce n’était qu’elle était clairement européenne et qu’elle évoluait seule dans les jardins intérieurs. Finalement l’un se décida à descendre pour rejoindre les jardins, suivis par l’autre.
Mohan et Madho étaient semblables et différents à la fois. L’un plus téméraire, l’autre plus timoré. Si Madho avait grandi en sachant être adopté, cela ne faisait aucune différence pour les deux garçons. Ils étaient frères et si Mohan était un héritier, celui-ci ne prenait jamais son frère pour un larbin.
« Êtes-vous perdue miss ? » demanda l’un deux en l’approchant doucement pour ne pas la surprendre.
La jeune femme se put s’empêcher de se retourner surprise, détaillant ses interlocuteurs. Elle avait en face d’elle deux jeunes hommes dans la force de l’âge. Habillés de Sherwanis rouges, l’un était clairement métis à ne pas en douter, sa peau et ses yeux clairs parlaient pour lui. Les mêmes beaux cheveux brillants et ondulés et cette mâchoire volontaire leur donnait un air de famille.
Ils se regardèrent un instant en se demandant si elle avait bien compris. Leur anglais malgré l’accent, n’était pas mauvais.
« Non. J’attends mon père, Lord Richard. Il s’entretien personnellement avec le Raja Jai Singh II. » Déclara-t-elle avec beaucoup de flegme. Sur le coup, elle ne comprit pas trop pourquoi elle avait répondu avec autant de méprise, d’habitude humble et avenante, elle ne faisait jamais étalage du titre familial, sans doute était-elle mal à l’aise de se retrouver face à deux inconnus de son âge mais cela ne sembla pas démonter les indiens. L’un deux afficha un sourire avant de répondre sans la moindre gène.
« Fort bien ! Nous pouvons donc continuer cet entretien puisque nous sommes les fils du Raja. Je ne pense pas que nous faisons une erreur étiquette en continuant de nous entretenir avec vous. Voulez-vous connaitre l’histoire de ce palais ?»